Président de la Maison Fabre, Olivier Fabre perpétue l’expertise artisanale en ganterie entre Paris et Millau. Entretien avec un passionné.
C’est au cœur de Paris, tout près du Louvre, que nous nous retrouvons : à la brasserie « Le Nemours », tenue par des Aveyronnais. Le QG d’Olivier Fabre, à deux pas de la Maison Fabre, sous les arcades du Palais Royal. L’occasion pour l’arrière-petit-fils du fondateur de la ganterie de replonger dans ses souvenirs. « C’est ma grand-mère Rose qui m’a donné la passion pour ce métier, raconte-t-il. Elle a voyagé dans le monde entier pour faire connaître la marque. C’était une dame de caractère, qui a su s’imposer dans l’univers très masculin de la maroquinerie. Mon grand-père, plus discret, gérait la partie administrative de la société. » Ses premiers souvenirs, le jeune Olivier les forge dans l’atelier de Millau, entre le bruit des machines, les odeurs de cuir, de bois, de cire et de naphtaline. Doté d’un caractère curieux, il envisage un temps d’embrasser la carrière de journaliste avant de choisir de perpétuer la tradition familiale en 1997.
Comment s’organise aujourd’hui l’activité d’Olivier Fabre ? « Je partage ma vie entre Millau et Paris. Millau, c’est un repaire pour les 14 personnes qui constituent la manufacture. Je garde les gens jusqu’à ce qu’ils veuillent partir. Une des « petites mains » a 75 ans, elle vient quand elle veut. De petites quantités sortent de l’atelier. Il y a une vraie maîtrise de la chaîne de fabrication. C’est pour cela que la maison Fabre est leader dans le monde de la mode en Aveyron comme à Paris. » Pourtant les coups durs n’épargnent pas la ganterie. Suite aux événements tragiques de Paris et l’instabilité géopolitique mondiale, l’activité des deux dernières années a été fortement impactée. La reprise en 2017 est heureusement « phénoménale » : le Paris chic fait toujours rêver. Les stars adorent les gants de la Maison Fabre. Sharon Stone, Céline Dion, Madonna font partie de sa clientèle comme à l’époque où sa grand-mère recevait Mesdames Pompidou ou de Funès. Le cinéma frappe aussi à la porte dela Maison Fabre, qui a créé les gants portés par Nicole Kidman dans le film Grace de Monaco d’Olivier Dahan.
Le président de la ganterie garde les pieds sur terre, et plus particulièrement sur la terre aveyronnaise, soucieux du développement économique de la région. « Ma devise est qu’on peut faire des miracles avec de l’enthousiasme », glisse-t-il. Olivier Fabre est président du Pôle Cuir Aveyron depuis 2015, un groupement de 18 entreprises dédiées à la transformation du cuir. Un rôle fédérateur qui lui tient à cœur : il est essentiel de compléter les savoir-faire, pour préserver la ganterie de Millau. « Avec le maire de la ville, nous discutons d’une éventuelle candidature de la ganterie au patrimoine immatériel de l’Unesco, comme l’est la dentelle au point d’Alençon. Un classement de l'Unesco serait un formidable tremplin touristique », s’enthousiasme ce maître artisan qui au cœur d’une vie trépidante, aime se détendre au travers de la voile, des matchs de polo et du jardinage.
Texte et photos : Thierry Métaireau
Maison Fabre - 20, av. Gambetta 12100 Millau
rue St-Honoré 75001 Paris
Tél. 05 65 60 58 24 16
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